5.1.11

La répudiée - E. Abecassis

Je m'appelle Anaëlle, j'ai 20 ans.
Non.

"Je m'appelle Rebecca, j'ai 20 ans."

Je ne peux pas délibérément prendre mon véritable nom pour écrire, pour parler de moi.
A l'adolescence, poussée par ma mère, je rêvais d'écrire un roman. Alors je prenais ce nom là pour mon héroïne. Mon second prénom.

"Je vais vous raconter mon histoire."

N'importe quel bouquin pourrait commencer comme ça. Mais pas le mien, mon histoire n'existe pas. Mes petites années de vie sur Terre ne suffisent pas à écrire un roman. Et pourtant, j'ai tant de choses à dire.
Pas aujourd'hui, en général.
Aujourd'hui, j'ai envie de rien. D'une douche, d'une cigarette, d'un homme à côté de moi et c'est tout. Enfin non, j'exagère. J'ai envie d'être demain soir, de ne plus avoir de partiels. Non, j'ai envie d'être dans deux semaines pour avoir les résultats de mes partiels. Mouais, pas si sûre que je veuille ces résultats en y réfléchissant (sauf celui de mardi où pour la première fois je me suis dit que je pouvais avoir une bonne note à cette dissert). Des fois, j'ai envie de me sentir intelligente (un peu). La preuve, si vous me demandez "Faut-il aimer le cinéma ?" je peux vous répondre en 1 copie et demi. La sse-cla !
Ah oui, je parle verlan de temps en temps. Je trouve ça marrant (même si je suis la seule que ça fait rire).
En ce moment, je m'insupporte et je ne sais pas comment fait mon entourage pour me supporter. J'ai toujours l'impression d'en faire trop. J'ai pris de l'assurance. Trop. Parfois je suis arrogante. Dieu ce que je déteste les arrogants. (Et Dieu, ce que j'ai pas envie d'aborder le sujet de la religion maintenant). Va savoir pourquoi je continue à jurer en invoquant le nom du Seigneur, l'Eternel notre Père qui m'a faite femme. Haha, non j'ai dit que j'avais pas envie d'en parler.
Que disais-je ? Que j'ai changé. Ces dernières années, et encore plus ces derniers mois. De un, je suis devenue "la meuf sociable de la fac". Marrant pour la gamine de 11 ans qui avait des idées suicidaires tellement elle avait pas d'amis.
Vous savez, je pousse toujours la vanne un peu trop loin. Je titille les gens, jusqu'à l'agacement. Je suis devenue la meuf chiante. Et puis, j'ai des gros problèmes de langage, j'arrive pas à m'exprimer, je bégaie, j'inverse les mots. Une plaie. Anaëlle-la-plaie à votre service, bonjour ?

Je suis censée réviser là. Mais je ne peux pas. Et puis je n'en ai aucune envie. J'ai un tempérament de feu quand même. Ma volonté contrôle chacune de mes faits et gestes. Le dentiste dit tout le temps que je sais ce que je veux et que je fonce. "Analytique et synthétique" selon mon prof. C'est vrai pour la plupart des choses. Tellement que mon père croit que je suis orgueilleuse. Faut dire que je prends un malin plaisir à lui tenir tête. Si je veux quelque chose je me donne les moyens pour l'obtenir (le meilleur exemple reste mon putain d'indépendance à 19 ans qui vaut de l'or à mes yeux, j'en suis fière). Bref, le problème n'est pas que je ne sais pas ce que je vais devenir mais que je ne sais pas ce que je VEUX devenir. Fucking shit. Oui je jure en anglais, c'est plus classe, ca prouve que je regarde plein de séries et de films US.

J'ai souvent rêvé de l'idéal que je serais. Pas physique, c'est inutile, quand on est petite, ronde, avec une forme de visage qui ne vous plaît pas, on fait avec, on arrête de s'imaginer autrement. AU REGIME, ma brave fille. Enfin, pas aujourd'hui j'ai mangé comme 4. Normal, je révise. Enfin, je suis en période de révisions. Ok, je suis censée réviser et manger me faisait croire que tout allait bien. Donc, j'en reviens à mon moi rêvé (Freud si tu m'entends t'as du boulot, je suis vraiment détraquée). Hypocondriaque en ce moment. J'ai mal là, ici, je suis migraineuse, insomniaque, j'ai une tumeur au cerveau - obligé - si je continue ma dyslexie chronique. Glam'. Ah oui et puis chacune de mes écrits prouvent à quel point je suis dispersée ! Incapable de finir une idée sans observer le papillon voler à côté de moi et faire des digressions de ouf. Incorrigible. Mais j'y travaille.
J'aime bien mon côté sociable quand même quand je fais semblant d'être super à l'aise avec des gens que je ne connais pas. Sauf si c'est un garçon qui me plaît, bien entendu, je rentre dans ma bulle pour ne plus en sortir. Et quand je décide enfin d'en sortir c'est pour jouer les meufs trop sociables. Le rôle de la bonne copine. Ne parlons pas ici de ma (non) vie amoureuse.
Donc, la tchatche on la garde, en la modérant. La classe on la travaille. J'ai l'impression d'être un pauvre meuf du ghetto (de Vallau) quand je m'exprime. Quand j'essaie d'avoir un langage soutenu, mon petit frère se moque de moi, et je suis vite limitée (j'ai besoin de plus de culture). Je deviendrais dragueuse et sensuelle aussi. Et drôle (j'entends vraiment drôle, pas quand les gens rient à mes blagues stupides et à mes jeux de mots à la Devos). Citer Devos, check.
Je sais pas trop après. Si, cultivée. Référencée. Compréhensive. Généreuse. Aimable. Humble.

Je vais m'arrêter là. J'ai toujours ce terrible sentiment d'avoir besoin d'être lue. Léa ? Oui je vais lui envoyer le lien de ce blog. La seule personne à le connaître. Tant pis si je dérange sa soirée avec Z, elle ne m'en voudra pas. J'ai besoin de parler et de pleurer. Ecrire est une façon comme une autre de communiquer. Léa, je t'aime si tu me lis :)

Je vais retourner aux remakes ? Pas si sûr. Tant pis si je n'ai pas de mention me dit ma conscience pour se libérer de toute charge. Mais mon égo en a tellement besoin des toutes petites lettre "AB". Et même si la première lettre de l'Alphabet est trop occupée, la seconde ne pourrait que me combler d'avantage.

J'arrête d'écrire je pourrais faire ça toute la nuit. Peut-etre que je vais devenir écrivain ? Non, j'oubliais, pour ça il faut du talent. Et je ne connais personne à qui je pourrais faire lire mes écrits et qui serait capable de me juger OBJECTIVEMENT. Non Léa, pas toi. Maman non plus. Mamie encore moins.

Je m'en vais. J'éteins mon ordinateur. Presque. BORDEL !